Le Cri d’Edvard Munch – Un écho aux cris d’une humanité en souffrance
Un tableau revient sans cesse aujourd’hui dans mes pensées, « Le cri » d’Edvard Munch.
Je ne sais pas ce qu’a voulu traduire le peintre dans son oeuvre. Sa propre douleur, un concept de souffrance ?
Aujourd’hui il me fait irrémédiablement penser à ce cri que j’étouffe car je n’ai pas pour habitude de partager mes pensées profondes. Mais aujourd’hui, alors que me voici de retour auprès de mes pinceaux et de mes crayons en même temps que je redécouvre Paris, loin du confort de ma petite province, j’ai envie de crier. Car ce que je vois, ce que j’entends, ce que je lis, est tellement éloigné de la beauté de l’art et de la beauté tout court que cela me fait peur.
Peur car notre société semble se complaire dans les problèmes. Peur car le monde de l’argent est vraiment devenu roi. Peur du manque général de conscience. Peur car trop peu nombreux sont les vrais passionnés. Un monde étranger à toute sensibilité à tout intérêt culturel, esthétique , artistique, reproduit un imperturbable schéma unique et dénué de sens. L’apparence prime sur les valeurs.
Où allons-nous ?
Le sursaut citoyen de ce mois de janvier n’est-il pas qu’un soufflé ? Demain chacun aura retrouvé ses préoccupations, ses problèmes personnels. Exit alors cet élan au nom de la création.
Là est l’erreur. Je ne prétends pas être exempte de préoccupations, ni détenir la potion miracle à nos problèmes de société, de sécurité, de chômage.
Mais le chemin n’est certainement pas celui du renfermement et de l’appesantissement sur la noirceur.
L’humanité a connu maints aléas, troubles, révolutions, et pourtant les hommes ont toujours dessiné, peint, écrit, sculpté. Peut-être encore plus dans ces moments douloureux car ils éprouvaient très certainement un besoin de commenter, de témoigner, ou d’oublier…..
Le chemin par lequel passera l’humanité pour sortir saine et sauve du chaos que l’on pressent sera la prise conscience de la nécessité de prendre du recul. De se détacher de tous ces miroirs aux alouettes tendus par nombres de marchands, de politiciens et de bonimenteurs de tout poil.
L’homme doit se recentrer sur le pourquoi de son existence. Il doit apprendre à vivre enfin en harmonie avec tous ses congénères. Il paraît qu’il est le plus intelligent de la création, c’est le moment d’en apporter la preuve.
Je reste persuadée qu’apprendre à voir la beauté du monde qui nous entoure et des gens devrait être la première des matières enseignées.
Enseigner la beauté de l’autre c’est apprendre l’amour, à lui ouvrir son cœur et à écouter le sien.
S’ouvrir à la beauté des choses et de la nature c’est recevoir la révélation artistique. Il n’est pas besoin de pratiquer soi-même. Ni d’avoir un quelconque don. La première démarche est celle d’être ouvert, attentif, et curieux. La peinture n’est pas l’unique centre d’intérêt possible. Que ce soit le cinéma, la littérature, la musique, chacun de ces domaines révèle des chefs d’œuvre de talent et de beauté, connu, inconnu, peu importe. Bien des artistes d’une grande sensibilité sont ignorés. Alors qu’eux-mêmes en choisissant de s’exprimer par leur art ont trouvé la voie de l’apaisement et de la liberté.
J’en connais, j’en ai rencontré, je pense en faire un peu partie. Leur point commun est l’amour de la vie, et donc de la création, la boucle est bouclée, tout est dit. On ne peut pas faire de l’art sans aimer l’homme, et aimer son prochain dénote une sensibilité et une ouverture d’esprit nécessaire pour appréhender la beauté et l’art.
Souvenons-nous que seule l’humanité a depuis ses origines ce don de créer. Ne gaspillons pas cet héritage au profit de concepts sans valeurs et sans avenir. Réjouissons-nous de faire partie et de participer à la création. Et d’en tirer tout le bonheur possible.